Les lapins fuckants blancs

 

les lapins fuckants blancs fuckent

et à force de fucker aplatissent le toit

sans télécommande

résonne résonne c’est le matin !

c’est le matin dans ce pays humide

ce pays dentifrice nutella

ce champ humide harassé

 

il y a trois camping-caravanes aux

rideaux oranges un lambeau de brume

apparu de lui-même passe au coin de l’œil

_

 

des choses étranges se passent dans cette maison

où les murs semblent ne pas vouloir

se redresser – ne veulent pas être droits –

des hommes dorment dans le lit

souvent la porte se ferme toute seule

_

sous ce projecteur je cherche les lapins fuckants

blancs le vide est réglé sur portable

un deux trois marche bougeons ensemble

sans craquer des vertèbres pour rien

entoure tendrement ce cerveau des deux mains

nous rentrons chez nous

chez le lapin fuckant blanc

_

 

le vieux lapin fuckant blanc n’a jamais fait plus

il fuckait puis il fuckait puis il continuait à fucker

juste ça – il ne jette pas de regards lubriques sur une robe d’été

rayée noire et blanche – le vieux lapin blanc fuckant fucke

aveuglément une descendance en avant

_

la cigogne apporte l’enfant et chante

des arbres joyeux tournoient dans l’herbe

cette nouvelle vie est un lapin fuckeur

qui fucke et fucke et fucke

_

le lapin fuckant blanc fucke sautant tombant

tandis que des huîtres éclatent sur le lit rouge

je pourrais être ici tremper la langue dans

de l’eau enflammée ou en parcourir les plantes

de ses pieds la sauvegarde de la sensation meilleure

 

un corps jusqu’à ce qu’il aille

_

les lapins fuckants blancs habitent

sous des clochers rouillés près de l’endroit

‘ne pas déposer d’ordures’ ils glissent les uns dans les autres

surtout là où personne ne soupçonne leur présence

ils entourent de leurs pattes le doux pelage blanc

_

si un matin je me réveille

alors à côté des lapins fuckants blancs dans l’herbe

les champs allongés sont plutôt pelés – pâlot –

est le matin par la  fenêtre

 

Traduction française du néerlandais © Kim Andringa

Publié dans la revue Action Poétique à Paris en 2009
Extrait du recueil
Er hangt een hoge lucht boven ons (Els Moors, éd. Nieuw Amsterdam, 2006). Ce poème a d’abord été publié en néerlandais dans la revue Yang en 2004.
Merci à Henri Deluy, Kim Andringa et Els Moors